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Cocaïne : Comment s’en sortir ? Quels sont les dangers ?


drogue

La cocaïne n’est plus du tout aujourd’hui une drogue réservée à l’élite, aux stars, aux personnalités publiques, mais bien une substance qui est susceptible d’être consommée par n’importe quel jeune, artisan, ou autre, quel que soit le milieu social, l’âge, ou encore bien d’autres critères.

Le prix du gramme à la revente en France a fortement chuté en 15 ans, entre 1990 et 2005, passant d’environ 150 € à 60 €, pour remonter aujourd’hui autour de 70 € telle la demande est forte. La drogue devient toujours de plus en plus accessible avec maintenant des livraisons à domicile. Certains dealeurs diffusent même des menus via des applications mobiles avec parfois des promotions, des happy hours…etc.


1- Des conséquences (trop) souvent dramatiques


Il est absolument nécessaire encore de rappeler à quel point les effets de cette drogue peuvent être dévastateurs, aussi bien à court-terme qu’à long-terme. Sur la santé, perforation de la cloison nasale voire destruction totale, divers cancers, conduite sexuelle à risque, accident de la route, arrêt cardiaque, suicide…etc. Mais il y a également d’autres conséquences non négligeables, financières, parfois même une perte d’emploi, un isolement social, des violences, parfois conjugales. Il est aussi fréquent que le patient dépendant présente des symptômes dépressifs majeurs ceux-ci sont souvent la conséquence de la consommation de drogue (car celle-ci dérégule le circuit de la récompense dans le cerveau en entraînant une augmentation fulgurante et temporaire de la concentration de dopamine) mais il est également courant que la dépression précède la première prise de cocaïne.

Il existe également un terrain propice à une poly-consommation de la cocaïne souvent associée à l’alcool et/ou aux anxiolytiques (type benzodiazépines). L’alcool et la cocaïne permettent la synthétisation d’une molécule, le coca-éthylène, elle est extrêmement neurotoxique, prolonge la durée des effets de la drogue et les amplifie. L’alcool et les benzodiazépines sont aussi fréquemment utilisés par les patients pour les « descentes » afin d’en atténuer les effets désagréables (insomnie, agitation, tristesse, anxiété…). Il est donc courant de recevoir des patients en consultation pour la cocaïne mais avec, en réalité, d’autres addictions sous-jacentes.


Contrairement à ce qu’on entend souvent, on peut sombrer dans la dépendance dès les premières prises ! La cocaïne crée un sentiment de grande euphorie la première fois que beaucoup de primo-consommateurs sont tentés de renouveler. C’est ensuite un cercle vicieux qui s’ensuit, le consommateur ne trouvant de plaisir que dans la cocaïne car c’est la seule à être capable de libérer la dopamine nécessaire étant donné que le circuit de la récompense a été « saboté ». Cependant, s’il tombe dans l’addiction et, par conséquent, augmente la fréquence et la quantité de consommation, celui-ci ressentira de moins en moins de plaisir malgré des doses élevées, jusqu’à ne plus en ressentir du tout. Pourtant, il va certainement continuer à consommer, l’envie étant trop forte.


2- Comment s’en sortir ?


Il y a 2 phases :


-Le sevrage est la période durant laquelle il n’y a pas ou peu de symptômes de manque physiques mais c’est particulièrement un manque psychologique, c’est ce que l’on appelle le craving c’est-à-dire l’envie irrépressible de consommer, qui dure environ trois semaines généralement.


-Le maintien de l’abstinence (ou la prévention de la rechute) où il faut être vigilant pendant environ un an.

Pour se sortir d’une addiction à la cocaïne, il faut généralement s’entourer d’une équipe de spécialistes dont peuvent faire partie un psychiatre-addictologue, un hypnothérapeute et un psychologue spécialisé dans les psychothérapies comportementales. Cela peut très bien se faire en ambulatoire, l’hospitalisation peut cependant être envisagée en dernier recours.


Il n’existe pas vraiment de traitement pour se sevrer de la cocaïne, à l’exception de certaines pistes, dont la plupart est encore à l’étude et qui est hors AMM (Autorisation Mise sur le Marché). C’est-à-dire que le psychiatre/addictologue peut prescrire ces médicaments mais qu’ils ne seront pas forcément remboursés. Selon les dernières études, dont celles menées par le Dr Laurent Karila (https://vih.org/20160113/approches-pharmacodynamiques-dans-les-troubles-lies-a-lusage-de-cocaine/), nous retiendrons deux molécules qui semblent prometteuses et complémentaires :


-La N-Acétylcystéine, un expectorant/toux grasse, à forte dose (2400 mg/j), aurait un effet sur la diminution du craving (en agissant sur le taux de glutamate dans le cerveau).


-Le Topiramate, un antiépileptique, serait efficace à la posologie de 300 mg/j sur la diminution du craving et le maintien de l’abstinence. Il serait notamment efficace chez des patients présentant des comorbidités en mélangeant l’alcool et la cocaïne.


Les solutions en hypnose thérapeutique


-Méthode aversive : celle-ci consiste à associer du dégoût envers la cocaïne. Le thérapeute aura, antérieurement, identifié au cours de l’anamnèse (discussion avant la séance), tout ce qui peut dégoûter/écœurer son patient. Cela peut être des composantes liées aux cinq sens même si on va favoriser celles qui sont attachées au goût et à l’odorat (parfois le visuel). Par exemple, un ou plusieurs plats qu’il a en horreur ou bien des arômes et odeurs qui lui sont intolérables ou lui donnent des maux de tête. Pour obtenir une efficience optimale avec cette méthode, le thérapeute n’hésitera pas à joindre, sous hypnose, toutes les informations dont il dispose. Par exemple, pour un patient qui hait la pastèque et la sauce béarnaise et également l’odeur de fromage et de la javel, il va peut-être associer le fait de priser (sniffer) la cocaïne au fait d’être envahi de ces odeurs. Ensuite le fait de sentir la cocaïne retomber dans la gorge et la bouche à ces goûts. Pour l’aspect visuel, le thérapeute pourra utiliser quelque chose de métaphorique comme le fait d’imaginer le rail de cocaïne rouge sur une table sale, poussiéreuse et pleine de mégots, par exemple.


-La THI (Transformation Hypnotique Intérieure) : cette méthode consiste à associer les déclencheurs du fait de consommer de la cocaïne à un comportement plus bénéfique pour le patient. Il faudra, auparavant, avant l’hypnose, faire une liste la plus exhaustive possible de tout ce qui peut l’amener à consommer. Par exemple, le fait de voir une carte de crédit (souvent utilisée pour tracer les « lignes » de drogue), de voir des billets de banque (qui servent à la fois à payer le dealeur et parfois de « paille » pour sniffer) ou encore bien d’autres choses. Les déclencheurs sont réellement spécifiques à chaque patient. De plus, il faudra déterminer avec le patient ce qu’il pourrait faire à la place et c’est souvent l’étape la plus complexe, particulièrement quand les déclencheurs sont nombreux et surtout parce qu’il ne verra pas l’intérêt et le plaisir que pourrait lui procurer ce nouveau comportement par rapport à la drogue (quelques exemples : téléphoner à un proche, jouer à un jeu sur son smartphone, faire dix pompes…etc.).


-Les suggestions post-hypnotiques : ce sont des phrases simples mais puissantes prononcées en fin de séance d’hypnose (alors que le patient est toujours sous hypnose), comme par exemple : « à partir de maintenant, la cocaïne est et sera exclue de ta vie ».


Arrêter la cocaïne, c’est l’opportunité de retrouver du plaisir dans les activités de la vie que l’on appréciait avant ou bien se découvrir de nouveaux centres d’intérêt. Après la phase de sevrage, le circuit de la récompense fini par se réguler et retrouve petit à petit son équilibre initial, c’est-à-dire que des activités classiquement sources de plaisir comme du sport chez certains, un rapport sexuel ou encore, écouter de la musique, vont apporter suffisamment de dopamine pour le patient. C’est également l’occasion de retisser du lien social, affectif, et peut être de se recentrer sur sa vie professionnelle. Je pense que surtout cela permet, dans bons nombres de cas, d’éviter une issue dramatique.


† Hommage à A.T., décédé à 20 ans, fin 2019.


Mon cabinet reste ouvert durant le confinement, les soins ne pouvant être assurés à distance.

Attention : Veillez à toujours consulter un professionnel de santé avant tout traitement


Gauthier Fara

Maître-Praticien en hypnose ericksonienne

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